Nouvelles du Projet Piper 43-1059 du mois de janvier 2022

Auteur: webmaster - Publié le 18 janvier 2022 - Catégorie : Actualités, Piper 43-1059 Project

“Chers amis donateurs et partenaires…”

Toute l’équipe de “PIPER 43-1059 PROJECT” vous souhaite une excellente année 2022 !


Le 5 juin 1944 à 21H30 à Southwick House dans la banlieue de Portsmouth, le Général Dwight D. Eisenhower lançait le fameux : “Let’s Go !!!”
2 heures plus tard, l’Opération Neptune débutait…


J’ai pensé à ce “Let’s Go” le dimanche 5 décembre dernier à 13H30 sur le terrain de l’aérodrome de Cholet. Rien à voir me direz-vous et pourtant…

Ce dimanche 5 décembre tout était prêt. Nous étions réunis pour le premier vol de réglage de cette belle aventure.
Jérôme, notre “captain”, sera donc notre “pilote d’essai” pour ce vol inaugural, mais la météo était plus que moyenne. Pluie, vent, ciel nuageux, un vrai temps du 6 Juin 1944 !!!
Le plein de carburant était fait, tous les voyants étaient au vert, mais au fond de moi, une décision d’ajournement ne m’aurait pas trop dérangé…
Et puis tout à coup, notre “captain” plutôt silencieux et concentré nous lâche le redouté “Let’s Go !!!”

Et là tout s’accélère…
Essence ouverte, 3 coups de “primer” carburant, magnétos sur L (position left). Je lance la belle hélice bois Sensenich toute neuve et le vieux 65 Cv démarre du premier coup, tellement impatient d’y aller !!!


Magnétos sur Both, pression d’huile OK, ça chauffe doucement, très doucement même avec les 6°C extérieurs ambiants…
On ferme les portes … Nous y sommes.
J’écoute les conversations sur la VHF entre la tour et le F-BGQM :

PIL: “Fox Bravo Golf Québec Mike bonjour, un J3 au parking, on souhaite le roulage pour un vol local”
TWR: “Québec Mike bonjour, rappelez au point d’attente Alpha”.

Et le 43-1059 prend gentiment le taxiway sous la pluie et dans le froid.

Toujours rien à voir avec les responsabilités d’un Eisenhower bien sûr, mais quand même !!!

Est-ce que tout va bien se passer ??? Malgré les vérifications, les contrôles, les essais, les re-vérifications en tout genre, c’est quand même un vieux truc de 80 ans qui n’a pas volé depuis 20 ans et que nous avons restauré durant 3 années, que notre copain Jérôme va faire décoller !!!

Il est jeune et père de 3 enfants !!!!
Dans quelle béchamel je les ai tous embarqués !!!
Et s’il y avait une rupture de quoi que ce soit…
Avec un GMC ou une Jeep, on s’arrête sur le bord de la route et on avise, mais là… et en plus avec un temps de merde !!!

Le 43-1059 roule sur une piste en herbe, piste plutôt défoncée mais notre Piper en a vu d’autres. D’où je suis je vois parfaitement ses grandes ailes ballotées de gauche à droite. Il s’en sort très bien sur ses gros pneus ballons. Je comprends mieux le surnom donné par les GI’s au Piper : la Jeep de l’Air.
Il est dans son élément le “Grasshopper”.

Aligné en bout de piste, prêt pour ce grand moment, le Piper accélère doucement, la roulette de queue se soulève très rapidement. Notre avion est à présent en ligne de vol, accélère à peine plus et quitte doucement la piste en herbe, et maintenant il me passe sous le nez emmené par son petit 65 Cv qui ronronne gentiment et régulièrement.

Ma gorge se noue, mes yeux me brûlent un peu, ça y est, il est de retour dans son élément le vieux L-4B N°43-1059.

Je le suis des yeux jusqu’à ce qu’il se perde dans cette mélasse du mois de décembre.
Le stress revient très vite après ce moment d’intense émotion, le temps est long.
Mais qu’est-ce qu’il fout le “captain” ?
Il se pose oui ou non ??

Mon cerveau tourne en rond, les commandes de vol, les goupilles, les couples de serrages, les réglages, les magnétos, le réchauffage carbu, le circuit carburant, etc, etc…
3 ans de travaux reviennent en boucle et toujours pas d’avion en vue. Même pas un bruit de moteur !

20 minutes après, toujours sous la pluie, notre Grasshopper reprend l’axe d’atterrissage, retrouve la piste (presque à regret tant il était heureux dans son élément : l’air !) et roule jusqu’à nous.
Le “captain” descend avec un grand sourire et nous lâche une phrase digne de son grade : “C’est trop bien”.

En fait je ne l’engueule pas de m’avoir fait flipper, il me dit que tout va bien, je le prends dans mes bras et on s’embrasse.

“Notre 43-1059 est entre de bonnes mains”, comme nous l’avait prédit il y a 2 ans Claude, l’ancien propriétaire.

Encore une petite dizaine d’heures de vol et je serais complètement rassuré…

Ce premier vol était vraiment un moment que je redoutais. Malgré les propos qui rassurent de toutes celles et ceux qui m’ont entouré, j’étais quand même un peu tendu. J’espère juste avoir été à la hauteur.

En tout cas les pilotes eux, ils le sont.

Eiseinhower pourrait être fier d’eux !
Alors Let’s go pour une longue vie au 43-1059.

Paulo mécano


PILOTE D’ESSAI

En fait, le “Let’s go” avait été décidé quelques semaines plus tôt devant les agendas de chacun pour déterminer la date de ce premier vol. Le 5 décembre convenait à tout le monde, avec l’espoir qu’une météo propice nous accompagne pour ce grand évènement.
A une semaine de la date fatidique, les premières tendances semblaient plutôt favorables. Et l’avant-veille, les voyants étaient au vert : pas (trop) de vent, pas de perturbation prévue, éventuellement quelques averses entre lesquelles le vol pourrait avoir lieu.

Nous nous rejoignons donc tous à Cholet ce dimanche matin, heureux comme toujours de nous revoir et de retrouver notre Piper qui attend sagement dans son hangar.
Ce matin-là, il y a aussi de l’excitation et de l’émotion au fond de chacun… Après trois ans, on y est !
La matinée est consacrée aux essais moteur et aux premiers roulages. Dans le froid et le vent (ah! finalement il y en a du vent… un peu plus que prévu…), le moteur lancé par Paulo démarre sans difficulté. La température d’huile monte doucement et le Piper commence ses premiers tours de roue. La réaction des commandes est différente de celles de l’autre Piper sur lequel je me suis entrainé mais la prise en main au roulage est facile. Après quelques ronds sur le tarmac tout semble très naturel.
C’est donc très confiants que nous partons déjeuner en espérant que le vent profite de cette pause pour baisser un peu.

e retour au terrain, la concentration et la tension montent d’un cran. Un gros passage pluvieux arrose l’aérodrome et tout le monde doute :
“Est-ce que j’ai bien tout remonté ?”
“Est-ce qu’il va finir par faire beau ?”
“Est-ce que le moteur va tourner rond pendant tout le vol ?”
“Est-ce que je vais savoir le piloter comme il faut ?”

Le Piper, lui, attend tranquillement au sec dans le hangar.
Il a la particularité d’avoir une “bouille” expressive. Quand on le regarde on a l’impression qu’il ne se pose pas de question et qu’il rigole parce que lui sait qu’il va bientôt aller se dégourdir les ailes. Déjà au sol, il sait mettre son pilote en confiance.
Je me demande s’il y a près de 80 ans des pilotes devant partir en mission de guerre se sont fait la même réflexion en regardant le 43-1059.

La pluie diminue, quelques rayons de soleil apparaissent, c’est le moment. “Let’s go!”, surtout qu’à l’ouest de nouveaux nuages menacent déjà. Le Piper est sorti du hangar, tout le monde s’affaire autour de l’avion pendant que je fais une visite pré-vol qui me semble bien dérisoire par rapport à tous les contrôles que Paulo a déjà effectués.
Je m’installe à bord, Paulo lance l’hélice et le moteur démarre au quart de tour. Toute l’équipe disparait alors pour prendre place de l’autre côté du terrain, au plus près de la piste.

Me voilà soudain tout seul dans le Québec Mike qui chauffe doucement, impatient de prendre les airs. Non, en fait je ne suis pas tout seul, le Piper me rappelle que nous sommes tous les deux à aller voler.
Contact radio avec la tour de Cholet et roulage vers la piste en herbe. L’agent AFIS m’avait prévenu qu’elle n’était pas très utilisée et en effet, entre petites ornières et taupinières ça remue beaucoup!

J’aurais renoncé à poursuivre le roulage avec n’importe quel autre avion de peur de tout casser mais le Piper se sent bien avec ses grosses roues, l’herbe est son élément quand il est au sol.

Aligné en bout de piste, j’effectue la check-list avant décollage: essais moteur, débattement des gouvernes, porte fermée, ceinture attachée…Tout est prêt.
Le nez de l’avion me cache le bout de piste mais j’aperçois sur le côté au loin les silhouettes des amis et de la famille qui attendent le décollage.
J’avance doucement la manette des gaz, le Piper prend tranquillement de la vitesse et passe en ligne de vol. Encore quelques dizaines de mètres de roulage et il prend l’air.
Ça y est il vole!

Vous n’imaginez pas le bonheur que je ressens à ce moment-là… Trois années à préparer, à imaginer, à rêver et tout se réalise à la seconde où les vibrations du roulage cessent et le Piper prend l’air.
Un immense bonheur mais sans surprise, le Piper vole droit, les 65CV du moteur sont tous là et le font monter sagement. Un petit coup d’œil à droite, juste pour confirmer que le beau temps ne durera pas, les nuages et la pluie sont déjà de retour.

Tant pis, j’y suis j’y reste, le Québec Mike sera un peu mouillé mais il en a vu d’autres et je n’ai pas envie d’abréger ce moment. Je poursuis la montée jusqu’à une altitude de sécurité tout en revenant au-dessus du terrain pour pouvoir me poser en vol plané en cas de problème moteur.

Les évolutions s’enchainent, comme prévu la pluie arrive, je peux voir en-dessous de moi l’équipe du 43-1059 Project qui reste malgré tout dehors le nez en l’air. Désolé, encore un peu, le Piper et moi n’avons pas envie de redescendre tout de suite…

Un rayon de soleil perce, comme un petit clin d’œil de Claude qui était le dernier à avoir le bonheur d’être à ma place. Allez, c’est un signe, il est temps de rentrer et de partager ces 20 minutes d’émotion avec les amis. Un dernier passage au-dessus de la piste et je me présente en finale pour l’atterrissage.
Après un petit rebond pour respecter la tradition de la sauterelle, les roues reprennent contact avec le sol et le Piper rejoint le parking.

J’ai une seule envie en coupant le moteur, remercier Paulo pour l’extraordinaire travail qu’il a fait. Se mettre aux commandes d’un avion de 1942 qui a été refait de A à Z par un gars qui possède des doigts en or et n’avoir aucun doute sur le fait que ça va bien se passer…
Il n’y a que Paulo qui puisse être le gars en question.

Nous tombons dans les bras l’un de l’autre.
Et les embrassades se poursuivent avec toute l’équipe. Comme quoi il y a des émotions qui peuvent faire oublier le Covid!

Mais c’est toute cette équipe, entourée d’amis et de mécènes qui a permis de refaire voler notre Piper et qui m’a permis de faire un des vols les plus marquants de ma vie.
Le 43-1059 recommence une nouvelle histoire, il est fait pour voler et partager le bonheur d’être là-haut. Merci à tous.

Jeronimo Pilote


LA MAIN ….

Elle est rassurante cette main posée là sur le tube… elle est lourde, un peu noire, elle en a serré des vis sur notre sauterelle, elle en a décapé des pièces, elle en a caressé des morceaux de toile, des nervures, des câbles… Elle le connaît par cœur ce petit Piper, on dirait qu’elle le tient par la main pour ses premiers tours d’hélice, qu’elle veille sur lui comme pour ses premiers pas. Elle va nous manquer cette main rassurante quand on va aller le faire voler notre Piper. Mais à peine posé, elle reviendra caresser, resserrer, ajuster, toute fière sans le montrer de ce magnifique travail qu’elle a fait.


Toute l’équipe est impatiente de vous accueillir autour du “31059” lors du week-end officiel de son inauguration, qui se déroulera les 16 et 17 avril 2022 sur l’aérodrome de Cholet(49). Nous vous en dirons plus ultérieurement.

L’équipe PIPER 43-1059 PROJECT.


Nous remercions nos principaux partenaires,
et bien entendu tous nos mécènes et amis qui nous ont aidé et soutenu dans l’aventure de ce magnifique projet.

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