Jean Glasson a été un grand chef d’entreprise mais aussi un passionné d’aviation
Passion que j’ai partagée avec lui pendant plus de 50 ans sans interruption.
Lorsque que je l’ai connu en 1970 il était vice-président de l’aéro-club de Deauville. Le président de l’époque était André Ronnelle un ancien de l’Aéropostale, un de ceux qui avaient pris par radio le dernier message de Mermoz ‘’coupons moteur arrière droit’’.
Jean avait commencé par piloter les planeurs à l’aéro-club de Caen dès l’âge de 15 ans et comme il aimait le dire, il faisait surtout au début des heures de treuil et quand le soir il restait un petit moment de libre au moniteur il lui faisait faire un vol.
Breveté pilote dès 17 ans, il fut sélectionné, vu ses aptitudes, pour effectuer le tour de France aérien des jeunes pilotes.
Le service militaire arriva pendant la guerre d’Algérie et il fut rapidement sélectionné par l’armée et devint pilote militaire.
Il effectua une partie de sa formation dans l’ALAT. Il partit ensuite en Algérie où il effectua près de 800 heures de vol en mission.
Il revint deux fois avec des balles ayant traversé l’avion et une balle dans l’oreille.
On lui proposa la légion d’honneur plusieurs fois, ce qu’il refusa pour des raisons qui étaient les siennes. C’était un caractère :-).
Lorsqu’il rentra de l’armée il s’inscrit à l’aéro-club de Deauville
Jean a dirigé une grande entreprise familiale Lexovienne qui comptait à l’époque plus de 600 salariés, les abattoirs Pien et Glasson
Il était un meneur d’hommes mais aussi un animateur. Passionné d’aviation, il devint président et il allait apporter à l’aéroclub son expérience qui devint premier aéro-club de Normandie. Lorsqu’il a quitté la présidence le club possédait 11 avions, 7 salariés en saison et effectuait plus de 4300heures de vol par an.
De nombreuses sorties collectives de tous les avions à travers la France nous apportaient de l’expérience dans la navigation en plus de l’amitié et de l’esprit d’équipe qui régnait au club.
Il était devenu très ami avec le chef pilote de l’époque André Mancel, qu’il considérait comme son deuxième frère.
Il lança la voltige au club et me fit faire mon baptême voltige dans un Stamp, un biplan d’avant guerre sans cockpit. J’avoue avoir était impressionné de voler sur le dos à 800 mètres d’altitude pendu par les ceintures. Elles étaient bien attachées et il me convertit à cette discipline comme bien d’autres pilotes par la suite. C’était sa méthode à lui.
Malheureusement en 1977 son ami André, dû à un problème technique reconnu, s’écrasa au sol avec son élève lors d’une leçon.
Sa passion pour l’aviation n’était plus la même et il a eu quelques années de flottement bien que continuant à voler beaucoup pour ses déplacements professionnels.
Un jour qu’il faisait très mauvais temps à son arrivée à Deauville, le commandant du district aéronautique qui était aussi son ami lui dit: tu voles quand même quand tous les IFR sont au sol.
Il valait mieux ce jour là qu’il soit son ami.
Après la mort de son ami André il créa une association pour aider les jeunes pilotes méritants et se destinant à une carrière professionnelle.
L’Association des Amis d’André Mancel
Il a animé cette association durant 25 ans, elle a aidé par des bourses de nombreux jeunes sur toute la Normandie. Nombre d’entre eux sont devenus soit pilotes professionnels, instructeurs, pilotes de ligne ou pilotes militaires.
Je repris la présidence du club de Deauville quelques années après qu’il l’ait quittée et il m’épaula beaucoup. C’était un négociateur extraordinaire et j’ai appris beaucoup à son contact notamment dans l’achat d’avions.
En 1985, le mécanicien de l’aéro-club qui avait acheté à titre personnel un avion Piper PA19 en 1960 à l’armée, nous fit part de son intention de le vendre et nous l’achetâmes.
Chose étonnante, une partie de la formation de Jean dans l’ALAT à Metz avait été faite sur cet avion, ce même numéro de série.
Cet avion lui redonna le bonheur de voler, de voler différemment. Il disait : cet avion c’est la poésie du vol
En 1995 on a créé avec deux autres pilotes un aérodrome privé à Saint Pierre des Ifs.
Jean a alors acheté à un ami au Havre un deuxième Piper pratiquement identique, et nous avons réentoilé le notre aux couleurs de celui-ci, couleurs de l’armée Israélienne, ce qui nous a permis de rentrer au PIPER CLUB de France et de faire de nombreux rassemblements non seulement partout en France mais aussi dans des pays voisins.
J’avoue que nos deux avions étaient connus sur la plupart des aérodromes Français
Nous avons organisé un des rassemblements du Piper club France en 2003 à Saint Pierre des Ifs avec une trentaine d’avions venus de toute l’Europe, qui se mélangeaient au sol avec une quarantaine de voitures de collection.
Pour ceux qui étaient là c’était un spectacle superbe qui est resté dans les mémoires du club.
Nous avons participé ensemble avec nos deux Piper à de nombreux meetings ainsi qu’aux fêtes de la mer d’Honfleur, Villerville et Trouville où nos déposions en patrouille une gerbe au beau milieu des bateaux en hommage aux marins disparus.
Bien d’autres vols mémorables, comme les vols sur les terrains de montagne ou autres me laissent les souvenirs d’un pilote sûr à qui je faisais entièrement confiance, mais aussi d’un ami sincère, passionné, convivial aimant la vie et inoubliable.
Jean totalisait plus de 5000 heures de vol, peu de pilotes amateurs ont cette expérience.
Jean tu aimais être dans le ciel, tu y es maintenant.
Bon vol Jean
– Claude Fournis